Hommage à Jacqueline Berenstein-Wavre (1921-2021)
Membre fondatrice, présidente et présidente d'honneur du Collège du travail
Fervente militante féministe et socialiste, Jacqueline Berenstein-Wavre fut l’une des membres fondatrices du Collège du travail, créé en 1978 par le syndicaliste Lucien Tronchet (1902-1982). Durant sa présidence, de 1984 à 1997, elle se bat pour faire reconnaître la valeur économique et sociale du travail des femmes au foyer. Elle organise plusieurs colloques à ce sujet et anime, de 1986 à 1994, une revue malicieusement intitulée Ménage-toi (1986-1994), doublée d'une émission de radio du même nom, diffusée sur Radio-Zones en 1986 et 1987. Elle intervient également sur le plan politique cantonal pour demander que soit établie la « valeur monétaire du travail domestique ». Dans la foulée de la grève des femmes du 14 juin 1991, elle fonde, notamment avec Alda de Giorgi, alors secrétaire générale du Collège du travail, le Syndicat des personnes actives à domicile à temps complet ou partiel (SPAF). En l'an 2000, celui-ci obtient la création d'un Certificat fédéral de capacité (CFC) de gestionnaire en économie familiale, devenu depuis 2008 un CFC de gestionnaire en intendance.
En 1997, Jacqueline Berenstein-Wavre renonce à la présidence du Collège du travail, non sans rester très active au sein de son conseil de fondation jusqu’en 2014. Elle en est alors élue présidente d'honneur.
Elle a aussi intensément milité pour le droit de vote et d’éligibilité des femmes. Elle entre au Parti socialiste dès 1959 et figure, en 1963, parmi les premières élues au Conseil municipal de la Ville de Genève. Elle en devient la première présidente en 1968-1969. En 1973, elle est élue au Grand Conseil qu'elle présidera en 1989-1990. Elle a été présidente de l'Alliance de sociétés féminines suisses, de 1974 à 1979, un mandat durant lequel elle a initié la lutte pour un article constitutionnel sur l'égalité femmes-hommes qui sera adopté par le peuple suisse et les cantons en 1981. En 1984, Jacqueline Berenstein-Wavre crée la Fondation Emilie Gourd pour encourager et développer l'information sur les questions féminines et féministes en Suisse romande.
Le Collège du travail salue en son ancienne présidente une femme d'une énergie exceptionnelle, qui cherchait passionnément à partager la mémoire et l’histoire des classes populaires pour mieux défendre leurs intérêts sociaux et politiques. En témoigne notamment son rôle dans l'organisation de l'exposition "C'était pas tous les jours dimanche" Vie quotidienne du monde ouvrier, Genève 1890-1950, réalisée en 1992 par le Musée d’ethnographie de Genève et le Collège du travail, et qui connut un vif succès.
Références
Jacqueline Berenstein-Wavre et la cause des femmes, interview par Silvia Ricci Lempen, Plans-Fixes n° 1115, 1993, 49 min.
Jacqueline Berenstein-Wavre (entretiens avec Fabienne Bouvier), La Bâton dans la fourmilière. Une vie pour plus d’égalité, Éditions Métropolis, Genève, 2005
"Berenstein-Wavre, Jacqueline", notice de Liliane Mottu-Weber, Dictionnaire historique de la Suisse (DHS)
Archives
Fonds « La Ménagère, une travailleuse », Archives du Collège du travail
Fonds Syndicat des personnes actives à domicile à temps complet ou partiel (SPAF), Archives du Collège du travail
Émission de radio Ménage-toi, 1986-1987, Archives du Collège du travail