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9 novembre 1932, Genève. Une répression meurtrière

Sélection de documents et rappel des faits

13 morts et plusieurs dizaines de blessé·e·s, c’est le lourd bilan de l’intervention de l’armée contre une manifestation antifasciste à Genève le 9 novembre 1932.

Ce dossier thématique est proposé à l'occasion des 90 ans de  l'événement et de la présentation de l'exposition 9 novembre 1932. Répression meurtrière d'une manifestation ouvrière à Genève organisée par le Comité du 9 novembre 1932 et le Collège du travail en partenariat avec la Bibliothèque de Genève du 1er au 20 novembre 2022 sur la plaine de Plainpalais .

Ce dossier vise à donner un éclairage sur les faits, les mettre en contexte et en faire ressortir les enjeux politiques et mémoriels à travers une sélection de documents historiques (photographies, affiches, témoignages).

Il a été réalisée grâce aux mesures de soutien au domaine culturel COVID-19 attribuées par l'Office fédéral de la culture et la République et canton de Genève.

 

1. Genève en crise

À partir de 1931, Genève et la Suisse sont touchées par la crise économique mondiale. Le nombre de personnes au chômage croît rapidement. Beaucoup peinent à payer leur loyer et leur nourriture, tandis que les salaires de celles et ceux qui conservent leur emploi sont poussés vers le bas.

 

Face à la crise, le patronat tente de baisser les salaires de 10% dans le secteur du bâtiment. En réponse, la Fédération des ouvriers du bois et du bâtiment (FOBB) lance une grève générale le samedi 3 septembre 1932 qui vise à l'empêcher.

 

A partir des années 1920, le Parti socialiste genevois accroît fortement son électorat sous l'impulsion de Léon Nicole (1887-1965) et de Jacques Dicker (1879-1942). En 1930, il devient le parti le mieux représenté au Grand Conseil, mais ne parvient pas s'imposer au Conseil d'État. Lors des élections fédérales de 1931, les socialistes obtiennent quatre élus au Conseil national - Jacques Dicker, Léon Nicole, Charles Rosselet (1893-1946) et François Rossiaud (1880-1955) - en progression d'un siège par rapport à la législation précédente, tandis que les radicaux ont deux élus, les démocrates (futurs libéraux) un et les chrétiens-sociaux un. Au Conseil des États, le Parti socialiste genevois parvient à faire élire un premier représentant en la personne de Charles Burklin (1881-1957).

Pour faire entendre sa voix, le parti s'appuie sur le quotidien Le Travail, dirigé par Léon Nicole. Ce dernier y dénonce les privilèges des élites et les nombreux scandales qui éclatent au début des années 1930 et en particulier celui de la Banque de Genève. Sa faillite en juillet 1931 conduit à la ruine de nombreuses personnes et à la démission du conseiller d'État radical Alexandre Moriaud (1871-1955), membre du conseil d'administration.

 

Au printemps 1932, en réponse à la crise, le Parti socialiste lance une initiative fiscale drastique : elle prévoit d'exonérer la grande majorité des contribuables et de faire porter la charge fiscale sur la minorité la plus fortunée. Elle est vigoureusement combattue par la bourgeoisie qui y voit une "machine de guerre" contre ses intérêts et sera rejetée dans les urnes le 23 octobre 1932.

 

2. Chronique des évènements meurtriers

Début novembre 1932, l’Union nationale dirigée par Georges Oltramare (1896-1960) cherche à capitaliser sur le récent échec de l’initiative fiscale du Parti socialiste. Elle décide de s’attaquer à deux de ses principaux dirigeants, Léon Nicole et Jacques Dicker, en annonçant par voie d’affiche leur « mise en accusation publique », le 9 novembre à la Salle communale de Plainpalais.

Les autorités refusant d’intervenir, le Parti socialiste appelle à une contre-manifestation pour porter la contradiction à l’Union nationale.

Informé de la contre-manifestation, le Conseil d’État craint que la police ne suffise pas à protéger la réunion et demande à Berne le renfort de l’armée. Malgré ses réticences, le Conseil fédéral finit par accepter d’envoyer à Genève les jeunes soldats d’une école de recrues stationnée à Lausanne.

 

« À Lausanne, nous avons été avisés que nous serions transportés à Genève, que nous aurions éventuellement un service d'ordre à faire et nous avons été assermentés. » Raymond Burnat, premier lieutenant

Extrait d’un témoignage enregistré par Georges Kliebès et Richard Gaudet-Blavignac en 1972 (durée 0’38’’). Collège du travail. Pour l’écouter, c'est ici.

 

Pour protéger le meeting fasciste, la police installe des barrages dans les rues conduisant à la salle de Plainpalais. Dès 18h45, elle  filtre les accès en collaboration avec le service d’ordre de l’Union nationale. Le conseiller d’État Frédéric Martin (1872-1942) et le chef de la police Georges-Oscar Zoller (1890-1966) sont sur place pour coordonner l’action des autorités. La police bénéficie également de l’appui de membres de la Garde civique, une milice bourgeoise créée lors de la Grève générale de 1918.

Plusieurs milliers de manifestant·e·s se rassemblent aux abords de la Salle communale, le long de la rue de Carouge et de ses abords. Le socialiste Léon Nicole, l’anarchiste Lucien Tronchet (1902-1982) et le communiste Francis Lebet (1897-1955) prononcent des discours enflammés.

Si l’ambiance est bruyante et déterminée, la police n’est débordée qu’une fois, brièvement, vers 20h45. Les agents rétablissent néanmoins rapidement le barrage en frappant la foule du plat de leur sabre.

 

« On voulait pénétrer dans la Salle communale, on ne pouvait pas admettre que cet homme puisse faire le procès de nos deux leaders, impunément, sous la protection de la police. Ça ne pouvait pas se concevoir. » Milo Lüscher, militant communiste

Extrait d’un témoignage enregistré par Georges Kliebès et Richard Gaudet-Blavignac en 1972 (durée 1’14’’). Collège du travail. Pour l’écouter, c'est ici.

 

« La foule était très serrée, mais calme. Nous étions près de la chaîne de barrage. Naturellement, il y avait un beau vacarme, sifflets à roulette, couplets de L'Internationale, mais tout cela ne dépassait pas ce qui se produit toujours dans des cas de ce genre. » Mademoiselle A., manifestante

Témoignage cité par la Fédération suisse des socialistes religieux, À la recherche de la Vérité, 1933, p. 24.

 

À 21h, Frédéric Martin donne l’ordre de faire intervenir l’armée bien que la situation semble se calmer. Le colonel Léderrey (1880-1965) envoie alors une compagnie d'une centaine d’hommes sous les ordres du major Perret (1896-1971) et du lieutenant Burnat (1901-1978). Elle remonte la manifestation en deux files indiennes. Les militaires se retrouvent isolés au sein de la foule : certains officiers se font prendre à partie et frapper, tandis qu’on tente de désarmer les soldats et qu’on les appelle à fraterniser. Des casques et des armes sont arrachés et brisés. La compagnie finit par battre en retraite.

 

« La foule était très excitée, et considérable, ça grouillait. Personnellement, je me rappelle très bien qu’un jeune gars a essayé de me prendre mon fusil. C’est évident que la foule en voulait aux officiers. » Ernest Rogivue, caporal

Extrait d’un témoignage enregistré par Georges Kliebès et Richard Gaudet-Blavignac en 1972 (durée 0’40’’). Collège du travail. Pour l’écouter, c'est ici.

 

Devant le Palais des expositions (à l’emplacement de l’actuelle esplanade d'Uni Mail), alors qu’elle n’est plus suivie que par un groupe de manifestants hostiles et se trouve à 200 mètres de la caserne, la compagnie s'arrête et prend position. À 21h34, après une sommation confuse, l’armée fait feu, tuant plusieurs personnes et en blessant des dizaines d'autres.

 

« J’étais à côté des trouffions, devant le Palais des expositions, ils avaient fait un demi-cercle. Je leur disais : “Vous allez pas tirer, non ! Vous allez pas faire les imbéciles !“. J’ai compris quand les soldats du premier rang ont commencé à se mettre à genoux et à mettre leur fusil en position. » Louis Rieben, ouvrier syndiqué

Extrait d’un témoignage enregistré par Paulette Deleval et Christiane Wist en 1983 (durée 0’54’’). Collège du travail. Pour l’écouter, c'est ici

 

« Quand on est arrivés vers le café, c’est là qu’on a vu les premiers gens qui arrivaient blessés, qui étaient sur un billard. Le billard était ensanglanté. Après, des ambulances sont venues. » Francis Baeriswyl, militant socialiste

Extrait d’un témoignage enregistré par Georges Kliebès et Richard Gaudet-Blavignac en 1972 (durée 0’53’’). Collège du travail. Pour l’écouter, c'est ici

 

Dans la Salle communale: le meeting de l'Union nationale

Tandis que les manifestant·e·s assiègent la Salle communale, la «mise en accusation publique» de Léon Nicole et Jacques Dicker se déroule à l’intérieur devant un public entièrement masculin, les femmes ayant été exclues en prévision de probables bagarres. Les quelques militants antifascistes qui ont réussi à s’introduire dans l’assemblée se font frapper et expulser dès qu’ils s’expriment.

 

« Dès que la salle a été complètement remplie, les portes ont été fermées et la réunion s'est déroulée conformément à son programme. Des manifestations se sont produites dans la salle, mais les interrupteurs ont été mis par des citoyens à la porte de la Salle communale de Plainpalais. » Frédéric Martin, conseiller d’État

Rapport du Conseil d’État au Grand Conseil, 16 novembre 1932, p. 6

 

« Je suis rentré dans la salle, moi, mais ils m’ont sorti et je me suis retrouvé à plat ventre sur le trottoir, devant les flics. J’étais connu des fascistes, on allait les emmerder quand ils faisaient leurs conférences. » Gustave Berger, militant anarchiste

Extrait d’un témoignage enregistré par Christiane Wist en 1983. (durée 1'19’’). Collège du travail. Pour l’écouter, c'est ici

 

Le compte rendu de l'assemblée paru le lendemain dans le Journal de Genève rapporte le discours réactionnaire, anticommuniste et xénophobe tenu par les orateurs de l'Union nationale. Le Dr Steinmetz en particulier, fort de son titre de médecin, recourt à une terminologie pathologisante et déshumanisante très caractéristique du discours de l'extrême droite en comparant les dirigeants de gauche à des "parasites" et des "microbes".

 

3. Les victimes

Les tirs de l'armée font treize morts et une centaine de blessé·e·s. Deux personnes meurent sur le coup et onze autres dans les heures et les jours qui suivent : Melchior Allemann, Hans Brugger, Francis Clerc, Émile Henry, Henri Fürst, Émile Guignet, Edmond Junod, Alphonse Kolly, Jean-Pierre Larderaz, Gabriel Loup, Oscar Maurer, Édouard Quillet et Marius Rattaz.

Seuls deux d'entre eux, le communiste Henri Fürst et le socialiste Melchior Allemann, sont connus pour leur engagement politique.

 

4. Le mouvement ouvrier mis en accusation

Dès le 10 novembre au matin, les autorités ordonnent l'arrestation de Léon Nicole, ainsi que de militants socialistes, communistes et anarchistes. Les manifestations sont interdites, la loi martiale est proclamée et l’armée occupe la ville, protégeant les bâtiments officiels et installant des mitrailleuses au coin des rues. Plus d’une centaine de personnes sont arrêtées dans les jours qui suivent, dont une grande partie sera rapidement relâchée.

 

Des interprétations radicalement opposées des événements s’affrontent. La bourgeoisie évoque une émeute et même un complot révolutionnaire. Elle rejette l’entière responsabilité sur Léon Nicole et les manifestant·e·s tout en se félicitant de l’action des autorités et de la troupe. De son côté, le mouvement ouvrier dénonce un massacre commis par l'armée, voire un véritable guet-apens organisé par les autorités. La presse internationale évoque également la fusillade, souvent pour s’étonner de l’extrême brutalité de la répression.

Le mouvement ouvrier organise des manifestations de soutien dans différentes villes. À Genève, des appels à une grève générale de protestation le samedi 12 novembre sont lancés : elle sera suivie par plus 12'000 personnes. Le même jour se tient une journée de deuil et d’importants rassemblements accompagnent les enterrements des victimes.

En prévision de cette journée, plusieurs milliers de soldats genevois sont mobilisés par le gouvernement, mais la cérémonie d’assermentation est chahutée par des soldats réfractaires, qui interrompent le discours du colonel Léderrey et entonnent L’Internationale. Avec l’accord du Conseil fédéral, des troupes valaisannes arrivent en renfort le samedi 12.

 

Par une procédure inhabituelle mais avec l’accord du Conseil d’État, Frédéric Martin signe lui-même le mandat d’arrêt de Léon Nicole dans la nuit du 9 au 10 novembre, les autorités judiciaires ordinaires refusant de le faire dans l’immédiat et sans plus d’informations. Georges Oltramare affirmera par la suite avoir lui-même convaincu le conseiller d’État d’arrêter le dirigeant socialiste lors d’un appel téléphonique cette nuit-là.

Léon Nicole est maintenu au secret jusqu’au 1er décembre. Ses soutiens réclameront sa libération en arguant de son immunité parlementaire, ce qui sera refusé par le Conseil national. Atteint de tuberculose osseuse et craignant pour sa santé, il finira par obtenir, sous la menace d’une grève de la faim, de pouvoir aller se soigner à Leysin dès le 3 janvier 1933. Il devra attendre le 4 mars pour être formellement mis en liberté provisoire.

Ordonnée le 10 novembre par le Conseil fédéral, l’enquête militaire sur la fusillade conclut de manière particulièrement partiale et rapide que la troupe était en état de légitime défense et qu’aucun militaire ne doit être poursuivi pénalement. La question est portée devant le Grand Conseil, puis à l’Assemblée fédérale, mais le dossier n’est pas rouvert, malgré les interventions socialistes. Ces débats, marqués par un anticommunisme virulent, donnent lieu à des publications très largement diffusées.

 

Au terme de l'instruction menée par la justice fédérale, dix-huit des quarante-deux prévenus initiaux sont inculpés. Ils sont accusés d'avoir "provoqué la foule à former un attroupement et à résister en commun à l'autorité par des voies de fait". Les charges sont donc bien moindres que les accusations d'avoir porté "atteintes à la sécurité de l'État" lancées au lendemain du 9 novembre.

Les Assises fédérales s'ouvrent le 15 mai 1933 à la Salle centrale à Genève. Après trois semaines d'audience qui voient défiler plus de 300 témoins, sept accusés, dont Léon Nicole, sont condamnés à des peines allant de 2 à 6 mois de prison, tandis que onze sont acquittés.

Ce jugement suscite de vives réactions de la part des organisations ouvrières qui dénoncent une "justice de classe". Et il déçoit les adversaires de Léon Nicole, qui souhaitaient une condamnation plus lourde assortie d'une privation de droits civiques l'empêchant de se présenter aux élections.

 

5. Les suites politiques

Le 9 novembre 1932 fait d’emblée l’objet de batailles politiques : pour les un·e·s il témoigne du danger du mouvement ouvrier, pour les autres du caractère partial et meurtrier de la répression gouvernementale.

En février 1933, il est au cœur de la campagne qui conduit à l’élection de Frédéric Martin au Conseil des États: la droite et l’extrême droite font porter la responsabilité des violences sur les manifestant·e·s et agitent la menace révolutionnaire, tandis que la gauche dénonce le rôle du candidat dans la mobilisation de l’armée et son intervention meurtrière.

À cette occasion, Noël Fontanet produit une affiche extrêmement puissante qui synthétise la lecture que la droite donne des événements: elle dramatise la violence des manifestant·e·s envers les soldats et invisibilise les morts et blessé·e·s provoqué par l’intervention de l’armée.

Frédéric Martin sera élu avec 15'728 voix, soit 203 d’avance sur le socialiste Albert Naine (1871-1957), tandis que le communiste Jules Daviet (1887-1944), blessé le 9 novembre 1932, en récolte 285 et le candidat d’extrême droite, Jules-Ernest Gross (1892-1981), 161.

La question resurgit aux élections de novembre 1933. Quelques mois après la condamnation de Léon Nicole et de ses camarades, le scrutin leur offre une forme de revanche. Bien que la droite s’allie en une «Entente patriotique» soutenue par l’Union nationale de Georges Oltramare, les candidats socialistes obtiennent pour la première fois la majorité au Conseil d’État et Léon Nicole en prend la présidence. Au Grand Conseil par contre, le Parti socialiste reste minoritaire.

 

6. Une mémoire disputée

Dès 1933, le mouvement ouvrier genevois se mobilise pour rendre hommage aux victimes de la fusillade, organisant le 1er mai et le 9 novembre des manifestations unitaires associant ses divers courants. Ces commémorations auront régulièrement lieu dans les années 1930.

Après la Deuxième Guerre mondiale, la référence au 9 novembre 1932 est moins présente. Elle participe néanmoins de l’identité politique du Parti du travail, créé en 1944 par les communistes et les socialistes fidèles à Léon Nicole. Elle constitue une référence commune, commémorée conjointement  à la révolution bolchevique de 1917.

À partir de 1962, le Parti socialiste, qui accueille d’anciens nicolistes ayant rompu avec le Parti du travail, renoue avec l’héritage du 9 novembre 1932. Ce n’est toutefois qu’en 1972 que la commémoration prend de l’ampleur lors d’une soirée unitaire qui associe les syndicats, le Parti socialiste et le Parti du travail.

Ils sont alors stimulés par les groupes d’extrême gauche qui organisent une grande manifestation antimilitariste couronnant plusieurs mois de luttes à Genève et en Suisse romande.

Le 40e anniversaire des événements conduit également à de premières démarches d’histoire orale. Il donne l’occasion de recueillir la mémoire des derniers témoins de la fusillade.

La diffusion par la Télévision suisse romande de l’émission Le Temps des passions réalisée par Claude Torracinta et Bernard Mermod en novembre 1977 la fait (re)découvrir à un large public.

 

Lors du cinquantenaire, le mouvement ouvrier parvient à inscrire la mémoires des victimes de 1932 dans l’espace public en érigeant un monument commémoratif à Plainpalais, non loin du lieu de l’événement.

Après l’échec de négociations avec la Ville de Genève, le comité d’organisation décide de la pose «sauvage» d’un monument au bout de la plaine de Plainpalais. Le vendredi 5 novembre en début d’après-midi, des militants de la Fédération des ouvriers du bois et du bâtiment (FOBB) y déchargent une pierre de cinq tonnes.

La plaque «Aux victimes du fascisme» a très vite été remplacée par l’inscription plus allusive «Aux victimes du 9 novembre 1932 qui reprend le mot d'ordre des manifestations commémoratives qui ont lieu en 1972 et 1982.

A la suite des luttes menées par le mouvement syndical et social dès les années 1970 et des recherches menées par des historiens et des historiennes critiques , les responsabilités de l’armée et des autorités seront enfin reconnues dans les années 2000.

«Faire régner l’ordre avec l’armée est quelque chose qui contrevient profondément à un certain nombre de missions telles qu’on  les caractérise aujourd’hui au sens de l’ordre démocratique. » Charles Beer, conseiller d’État

Discours prononcé lors de la cérémonie commémorative à Plainpalais le 9 novembre 2006, publié dans Charles Heimberg, Stéfanie Prezioso et Marianne Enckell (éd.), Mourir en manifestant. Répressions en démocratie, AÉHMO et Éditions d'en bas, 2008, p. 222.

En 2010, une résolution demandant la réhabilitation des manifestants condamnés en 1933 pour leur action est adoptéelors de la cérémonie annuelle d'hommage aux victimes du 9 novembre 1932. Elle conduit le Grand Conseil genevois à transmettre au parlement fédéral en 2016 une initiative cantonale demandant la réhabilitation des militants de 1932. Cette initiative sera néanmoins rejetée par les Chambres fédérales en 2018-2019.

Pour en savoir plus

Jean Batou, Quand l’esprit de Genève s’embrase. Au-delà de la fusillade du 9 novembre 1932, Lausanne, Éditions d’en bas, 2012

Charles Heimberg, Stéfanie Prezioso, Marianne Enckell (éd.), Mourir en manifestant. Répressions en démocratie. Le 9 novembre 1932 en perspective, Lausanne, Éditions d’en bas et AÉHMO, 2008

Charles Heimberg (éd.), Pour une histoire sans trous de mémoire. 60 ans après la fusillade du 9 novembre à Genève, Genève, Groupe pour une Suisse sans armée, 1992

Pierre Jeanneret, « La fusillade de 1932 », Passé simple, no 1, janvier 2015, pp. 2-10

Georges Kliebès, Un coup... Tirez bas... Feu !, Genève, Slatkine, 1992

Claude Torracinta, Le Temps des passions. Genève 1930-1939, Genève, Tribune Éditions, 1978

Catalogue d'exposition

Patrick Auderset, Gabriel Sidler, 9 novembre 1932. Répression meurtrière d’une manifestation ouvrière à Genève, Genève, Collège du travail et Comité du 9 novembre 1932, 2022

Séquence d’apprentissage

Jacques Bastianelli, Sébastien Bertrand, Sabine Bourdin, Charles Heimberg et Valérie Opériol, "La fusillade du 9 novembre 1932 à Genève", novembre 2008

 

Ce dossier est publié à l'occasion de l'exposition organisée par le Comité du 9 novembre 1932 et le Collège du travail en partenariat avec la Bibliothèque de Genève

9 novembre 1932. Répression meurtrière d'une manifestation ouvrière à Genève

1er au 20 novembre 2022, plaine de Plainpalais.

Rédaction des textes et sélection des images: Patrick Auderset et Gabriel Sidler.

La réalisation de ce dossier a été rendue possible grâce aux mesures de soutien au domaine culturel COVID-19 attribuées par l'Office fédéral de la culture et la République et canton de Genève.