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La grève générale de 1918 à Genève. Quatre documents

Dossier constitué  à l'occasion de la commémoration du centenaire de la Grève générale de novembre 1918.

 

Table des matières

1. Introduction : la grève générale en Suisse

2. La grève générale à Genève : quatre documents

Document 1: Lettre de Charles Hubacher, secrétaire du Comité d’action ouvrier, 10.11.1918

Document 2: Bulletin de grève, Genève, 14.11.1918

Document 3: Lettre de Charles Hubacher, secrétaire du Comité d’action ouvrier, 16.11.1918

Document 4: « Un appel de l’Union civique», Journal de Genève, 17.11.2018

3. Sélection bibliographique

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Introduction: La grève générale en Suisse

Entre le 12 et le 14 novembre 1918, une grève générale nationale a mobilisé quelque 250'000 travailleurs et travailleuses en Suisse, principalement entre Zurich, Berne et Bâle, mais également dans plusieurs villes romandes, dont Genève.

Le renchérissement et la paupérisation dus à  la guerre ainsi que le climat révolutionnaire régnant dans plusieurs Etats européens contribuèrent à exacerber les tensions sociales durant l’année 1918.

En prévision de la commémoration de la révolution bolchevique le 7 novembre, l’armée fut déployée en ville de Zurich. En guise de protestation, une grève fut organisée le samedi 9 novembre dans de nombreuses villes suisses.

Le dimanche, un appel à une grève générale illimitée dès le 12 novembre fut lancé. La grève dura trois jours au terme desquels les grévistes furent contraints d’interrompre le mouvement sous la pression des autorités et de l’armée.

 

Les revendications des grévistes

1. Renouvellement immédiat du Conseil national d’après la proportionnelle.

2. Le droit de vote et l’éligibilité de la femme.

3. Introduction du devoir de travailler pour tous.

4. Introduction de la semaine de 48 heures dans toutes les entreprises publiques et privées.

5. Organisation d’une armée essentiellement populaire.

6. D’accord avec les producteurs agraires, assurer le ravitaillement.

7. Assurance vieillesse et invalidité.

8. Monopole de l’État pour l’importation et l’exportation.

9. Payement des dettes publiques par les possédants.

 

Pour une présentation synthétique de la grève générale et de ses enjeux, voir :

- le récent article de Charles Heimberg, « Coup de tabac social au pays des banquiers », L’Humanité Dimanche, n° 633, 8 novembre 2018

- l’introduction de l’article de Charles Heimberg, « La garde civique genevoise et la grève générale de 1918, un sursaut disciplinaire et conservateur », Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 44, n° 3, juillet-septembre 1997, pp. 424-435

- l’article de Bernard Degen « Grève générale », dans le Dictionnaire historique de la Suisse

- la chronique de Stefan Keller, « La grève générale de 1918 : six jours en novembre », in USS (éd.), Centenaire de la grève générale. Origines, conflits, conséquences. Intervention du colloque du 15 novembre 2017, 2018, pp. 9-13
 

 

2. La Grève générale à Genève

A Genève, la grève de protestation du samedi 9 novembre n’a pas lieu, car l’appel à la mobilisation arrive tardivement (voir document 2.1).

En dépit d’un certain nombre d’oppositions et de l’interdiction d’un meeting de protestation le lundi 11, la grève générale mobilise quelque 8’000 à 10'000 travailleurs et travailleuses entre le 12 et le 14 novembre. Comme sur le plan national, les cheminots jouent un rôle déterminant : le premier jour, seuls deux trains peuvent circuler, entravant notamment l’acheminement des troupes genevoises vers la Suisse alémanique. Les employés des tramways se solidarisent des cheminots : le trafic est fortement réduit, assuré uniquement par quelques contrôleurs. Dans la métallurgie et le bâtiment, le mouvement est bien suivi, contrairement à l’horlogerie, l’alimentation et le commerce. Le mardi soir, les typographes rejoignent le mouvement, ce qui empêche la parution de plusieurs journaux le lendemain, puis le jeudi ; seul le Journal de Genève parvient à maintenir sa publication durant les trois jours. Le jeudi matin, il fait paraître une édition spéciale dans laquelle il annonce prématurément la fin de la grève, ce qui conduit le Comité d’action ouvrière à publier un Bulletin de grève pour démentir la nouvelle (voir document 2.2). Dans le courant de l’après-midi, le comité de grève est arrêté et certains de ses membres violentés (voir document 2.3).

A Genève, la réaction de la bourgeoisie à la grève est particulièrement forte. Avant même son déclenchement, les milieux les plus réactionnaires se mobilisent afin de lutter contre le bolchevisme et le mouvement ouvrier (voir document 2.4).

 

Document 1 : Lettre de Charles Hubacher, 10 novembre 1918

Lettre de Charles Hubacher, secrétaire du Comité d’action ouvrier, Genève à Charles Schürch, secrétaire de l’Union syndicale suisse, 10.11.1918, 4 pages. (Archives de l’Union syndicale suisse, G 190/3/121/105).

Ce document contient:

- des informations sur les circonstances de l’échec de la mobilisation à la grève de protestation du 9 novembre à Genève ;

- le compte rendu de l’assemblée des délégués du 9 novembre qui se prononce sur la grève générale et sur l’organisation d’un grand meeting de protestation le lundi 11.

 

Document 2 : Bulletin de grève

Bulletin de grève, édité par le Comité d’action ouvrière de Genève, jeudi 14.11.1918, 2 pages.

Dans ce bulletin, figurent:

- le liste des 9 revendications des grévistes ;

- des informations sur l’interdiction du meeting du 11 novembre et action de la garde civique ;

- des informations sur le déroulement de la grève à Genève entre le 12 et le 14 novembre.

Document 3 : Lettre de Charles Hubacher, 16 novembre 1918

Lettre de Charles Hubacher, secrétaire du Comité d’action ouvrier, Genève à l’Union syndicale suisse, 16.11.1918 (Archives de l’Union syndicale suisse, G 190/3/138/101).

Cette donne  :

- des informations sur la participation à la grève ;

- un compte rendu de l’arrestation mouvementée du comité de grève, des violences subies et de l’occupation des lieux de réunions ouvriers par l’armée ;

- une perception assez confuse de la situation à Berne et des (vains) espoirs de concessions du Conseil fédéral.

Document 4 : « Un appel de l’Union civique»

« Un appel de l’Union civique», Journal de Genève, 17.11.2018, p. 3.

Cet appel comporte:

- une présentation de l’Union civique suisse et de son action ;

- une dénonciation de la grève générale et des agents étrangers qui l’auraient fomentée ;

- une liste des associations culturelles, sportives et politiques signataires.

 

3. Sélection bibliographique

Caillat Michel et Jean-François Fayet, « Le mythe de l’ingérence bolchevique dans la grève générale de novembre 1918 », Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier/traverse, 2018, n° 2, pp. 213-229

Cerutti Mauro, « Le mouvement ouvrier genevois durant la Première Guerre mondiale et la grève générale », in : Marc Vuilleumier (et al.), La grève générale de 1918 en Suisse, Genève : Éditions Grounauer, 1977, pp. 103-210

Heimberg Charles, « La garde civique genevoise et la grève générale de 1918, un sursaut disciplinaire et conservateur », Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 44, n° 3, juillet-septembre 1997, pp. 424-435

Jost Hans Ulrich, « L’importance de la grève générale dans l’histoire suisse », in : À tire d’ailes. Contributions de Hans Ulrich Jost à une histoire critique de la Suisse, Lausanne : Antipodes, 2005, pp. 187-203 (article paru en allemand en 1988)

Vuilleumier Marc, « La grève générale de 1918 en Suisse », in : La grève générale de 1918 en Suisse, Genève : Éditions Grounauer, 1977, pp. 7-59 (réédité en 2012 dans Histoire et combats. Mouvement ouvrier et socialisme, Éditions d’en bas et Collège du travail, pp. 461-512)

Vuilleumier Marc (et al.), La grève générale de 1918 en Suisse, Genève : Éditions Grounauer, 1977

USS (éd.), Centenaire de la grève générale. Origines, conflits, conséquences. Intervention du colloque du 15 novembre 2017, 2018

Site internet

https://www.grevegenerale.ch/